«La Bibliothèque de philosophie fera place à des tendances diverses. II n’y a pas de philosophie ni de culture sans diversité. Même si l’action est toujours plus ou moins “manichéenne”, parce qu’elle oblige, dans les cas-limites, à dire simplement oui ou non, le domaine
de la culture est celui où l’homme parle de ses actions, prépare ou motive ses décisions, et ici ce que dit chacun intéresse tous les autres, pourvu qu’il le dise sans transpositions ni coupures. Les hommes retrouvent leur parenté oubliée, qui tient à ce qu’ils vivent la même vie et le même problème. La “Bibliothèque de Philosophie” réunira des ouvrages de toutes sortes classiques mal connus et modernes, livres de philosophie pure, d’histoire de la philosophie, de psychologie ; de sociologie. Il n’y a pas de frontière rigoureuse entre la philosophie et l’histoire de la philosophie, qui est le dialogue des philosophes – ou entre la philosophie et les recherches expérimentales, quand elles sont assez fidèles à l’expérience vécue : c’est toujours une vue sur le sens de l’être et de l’être humain qui nous est, d’une façon ou de l’autre, proposée. Ce pluralisme n’a rien d’éclectique. L’effort d’universalité concrète est la règle de toute méditation. On médite pour se comprendre, mais on n’est sûr de s’être compris qu’en s’expliquant devant les autres, en entrant donc dans leur perspective. Ainsi une situation particulière ne se comprend finalement qu’à travers toutes les autres et, bon gré mal gré, philosophes, artistes, historiens, savants de toutes les tendances entrent en dialogue et constituent la philosophie effective. II a paru important de mieux faire connaître d’abord un certain nombre d’ouvrages allemands de premier ordre où cette manière de penser
s’exprime avec éclat. On les trouvera ici mis en français pour la première fois. Des travaux français originaux viendront s’intercaler entre eux.»