Dans cette Histoire d'un gros homme qui s'appelait Hamlet, l'auteur a pris beaucoup de libertés avec la légende et avec la tradition. L'image qu'il donne du prince de Danemark n'est point une image conventionnelle. Plus proche de l'Hamlet de Jules Laforgue que de celui de Shakespeare, son héros est un homme pensif, lucide, qui ne redoute point l'action – et le prouve –, mais qui l'imagine d'abord si fortement, qu'enfin elle le déçoit un peu. Hamlet amant d'Ophélie – et presque assassin d'Ophélie –, Hamlet guerrier courageux –et que la guerre ennuie –, Hamlet vengeur de son père, Hamlet moine : autant d'images brillantes que présente Britting, souvent semblables à des enluminures, par Ia vivacité des couleurs et la précision du détail.
Car l'art de Britting semble être un art du détail : analyses minutieuses, descriptions par innombrables petites touches et qui ne laissent rien dans l'ombre.
Cependant la psychologie de son héros n'a rien de fragmentaire, et c'est bien un portrait complet, et possible, et attachant, que Britting nous donne de ce gros homme, qui s'appelait Hamlet.