Ce sont trente années d’expérience et de réflexion que nous livre ici Nikolaus Harnoncourt, dans ce qu’on peut considérer comme une véritable « philosophie de la musique ancienne ».
La musique des siècles passés — et en particulier la musique baroque, où la dimension rhétorique est considérable — est pour Harnoncourt une langue que le musicien du XXI^e siècle — aussi bien l’exécutant que l’auditeur — se doit de rapprendre s’il veut comprendre et faire comprendre le discours musical.
Au-delà des querelles esthétiques, c’est dans cette optique d’une meilleure intelligence de la musique que s’inscrit la recherche historique de l’auteur sur les instruments anciens, les problèmes de notation, de tempo, d’articulation, d’ornementation, mais aussi sur la fonction sociale de la musique et des musiciens. L’authenticité, dont on l’a trop souvent cru l’apôtre, n’est en tout cas qu’un moyen pour redonner tout son sens à notre pratique musicale, pour nous permettre de n’être plus de simples consommateurs de sons.
Aussi la conception historique qu’Harnoncourt développe ici est-elle à la base de l’interprétation la plus moderne qui soit ; elle fait de cet auteur l’un des grands novateurs du XX^e siècle.